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04_Démarche_Conception_Libre.md

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Date de Création : 10 octobre 2020
Auteur initial : Lilian Tribouilloy
Contributeurs : Voir le fichier CREDITS.md
Licence : Creative Commons BY SA

Conception dans la Démarche Libriste

Introduction

Ce chapitre a pour but d’expliquer ce qu’est le matériel libre ou l’objet libre, mais aussi de proposer un ensemble de bonne pratique pour faire en sorte que votre projet de conception libre soit réellement profitable à votre communauté.

Loin être encore une évidence pour tout le monde, la culture libriste cherche encore son chemin dans la tête des gens. Et confronté à la réalité de notre société et les difficultés de vivre, quelconque humain ne s’intéresse au logiciel libre que par le plus grand des hasards.


Conception Libre, Objet Libre, une Contre‑Culture à (se) Construire

La Liberté n’est pas une Question de Performance

Pourquoi faire le choix de la liberté ? Et quel rapport avec la technologie ?

Être au clair avec soi‑même

{ Du point de vu psychologique, ce n’est pas une évidence que de partager ce que l’on produit. Il faut s’y préparer. }

Monde Libriste et Monde Propriétaire, une Vérité Entremêlée

{ Ce serait une erreur que de se laisser aller au manichéisme en matière d’open source. Il n’y a pas les méchants industriels d’un côté et les gentils libristes de l’autre. Les choses sont plus compliquées et plus mélengé que cela. }

Le Matériel Libre, un plus Grand Défi encore que le Logiciel Libre


Comment faire en sorte que votre projet soit véritablement Libre ?

Problématique

Il n’est pas si facile de comprendre le degré d’ouverture d’un projet et s’il suit bien la philosophie du libre. Même pour l’équipe de conception qui n’est pas forcément au fait de toutes les bonnes pratiques. De plus, il est très possible de s’améliorer dans le domaine. D’autant que le développement d’un projet se fait sur un temps long et que l’ouverture peut se fait progressivement au fur et à mesure du travail. C’est pourquoi un document donnant les intentions du projet et le degré d’avancement est important pour ne pas juger trop hâtivement un projet.

Les gens qui conçoivent un objet libre doivent être au clair avec leur objectif. Je sous entends par là qu’il peut être respectable de travailler de façon propriétaire, mais faire semblant d’être libre constitue une tromperie. La liberté ne doit pas être un argument markéting dévoyé. Au même titre que l’on parle de « green washing », on peut aussi parler de « freedom washing ».

Il ne s’agit pas ici d’être contre les entreprises. Même si dans le logiciel libre, on peut donner l’illusion, surtout pour l’utilisateur, de la gratuité ; dans le matériel libre, le doute n’est plus permis. Concevoir un objet libre, c’est beaucoup de travail. Ça devient rapidement un travail à plein temps qui se doit d’être rémunéré. La matière première, les composants et les outils sont belles et bien achetés dans le commerce à des gens qui n’ont pas de raison, à priori, de faire partie du projet et qui doivent eux aussi faire vivre des gens… Cette impossibilité de la gratuité conduit donc bien souvent, et si on souhaite sérieusement à pérenniser le projet, à développer une entreprise avec une rentabilité qui permet de survivre dans notre dure société.

Mais, précisément parce que la société est difficile, il s’agit de vérifier que l’entreprise en question n’a pas de mauvaises intentions en abusant de leur pouvoir sur les utilisateurs. Il s’agit de vérifier que l’entreprise ne mets pas en œuvre des stratégies assimilables à de la tromperie, comme l’obsolescence programmée par exemple. Et qu’on lutte bien contre le gaspillage des matières premières en favorisant la réparabilité des appareils.

Pour l’entreprise, l’ouverture peut avoir des avantages. Les clients peuvent devenir plus que de simples consommateurs, ils peuvent devenir des contributeurs du projet qui permettent d’améliorer le produit plus activement et plus efficacement que par une simple plainte. L’ouverture améliore significativement l’image de marque. Certains clients sont prêts à payer plus chers un produit, justement parce qu’il est libre. L’ouverture élimine de fait l’existence de vices cachés. En effet tout est visible et tout défaut peut donc être remonté ou résolu par une communauté d’utilisateur. De plus, pour l’entreprise, il n’est plus nécessaire de dépenser beaucoup d’argent dans des protections juridiques tels que les brevets. Les brevets n’ont d’avantage que pour les très grosses entreprises qui peuvent se payer une armée d’avocat pour attaquer la concurrence. Il faut bien comprendre qu’on ne peut pas breveter une idée. On brevète la façon de réaliser une idée. Hors, il y a toujours mille façon de réaliser une idée. Un brevet donne une protection toute relative. Ainsi l’ouverture donne une seconde voix possible pour protéger la pérennité de l’entreprise.

L’entreprise est libre de choisir ou pas cette voix. L’utilisateur est libre de choisir ou pas un objet libre. De là, un écosystème économique diversifié et résilience peut naître.

Liste de Vérification

La liste de questions suivante permet d’évaluer le degré d’ouverture d’un projet et s’il adhère bien à une philosophie libre. (Vous pouvez si vous voulez attribuer des points.)

Management du projet :

  • Y‑a‑t‑il une description du projet et du but poursuivi ?

  • Un document décrivant l’état d’avancement et les intentions sur l’ouverture et la philosophie libre existe‑il ?

  • La licence choisie est‑elle du type : fortement réciproque, faiblement réciproque, permissive ou propriétaire ?

  • Le projet protège‑t‑il son image par une marque déposée (ce n’est pas forcément une mauvaise chose) ?

  • Les intentions commerciales sont‑elles clairement annoncées par les membres du projet ?

  • Leur modèle économique est‑il connut ?

  • Le projet fait‑il la promotion de la philosophie des objets libres ?

  • Le projet explique‑t‑il comment contribuer ?

Les sources :

  • L’ensemble de la documentation et des sources sont‑elles placées dans un emplacement informatisé (type « Git‑machin » ou une forge SVN) accessibles par tout le monde ?
  • Le projet est‑il forké d’un autre projet et surtout pour quelle raison ?
  • La disponibilité des sources mécaniques est‑elle complète ou partielle ?
  • La disponibilité des sources électroniques est‑elle complète ou partielle ?
  • La disponibilité des sources logicielles est‑elle complète ou partielle ?
  • La disponibilité des autres types de sources est‑elle complète ou partielle ?
  • Les sources mécaniques sont‑elles éditées avec des logiciels libres ?
  • Les sources électroniques sont‑elles éditées avec des logiciels libres ?
  • Les sources logicielles sont‑elles éditables et compilables avec des logiciels libres ?
  • Les langages informatiques utilisés sont‑ils sous licences libres ou dans le domaine publique?
  • Les sources types de sources sont‑elles éditées avec des logiciels libres ?
  • Le cas échéant, si le projet utilise des composants externes sous une autre licence (ex : SoC avec un firmware propriétaire, ou une bibliothèque logicielle, etc.), ceux‑ci sont‑ils disponibles facilement et l’interfaçage est‑il expliqué ?

L’utilisation :

  • Un document pour expliquer le fonctionnement du produit existe‑t‑il ?
  • Une documentation pour expliquer comment utiliser les sources est‑elle disponible ?
  • Le dossier d’étude et les sources sont‑elles bien organisés ?
  • Les sources ou le résultat du travail ont‑elles aussi était exportées vers un format lisible facilement comme par exemple un fichier pdf ?
  • L’utilisation de l’objet, surtout si elle est d’accès gratuit, se fait‑elle au détriment de vos libertés fondamentales ou de votre vie privée ?

La fabrication :

  • La liste des composants nécessaires à la fabrication avec les références fabriquant (ou fournisseur) existe‑elle ?
  • Le coût total du produit est‑il indiqué (au moins de façon approximative) ?
  • La liste des outils nécessaires à la fabrication existe‑il ?
  • Les outils nécessaire sont‑ils disponibles dans un fablab ou une association près de chez vous ?
  • Un manuel pour expliquer comment fabriquer, régler et configurer le produit existe‑il ?
  • Un niveau de compétence nécessaire pour la fabrication est‑il indiqué (au moins de façon approximative) ?
  • Les fichiers nécessaires à la fabrication sont‑ils clairement identifiés (pour éviter de fouiller dans les sources) ?
  • L’association ou l’entreprise donne‑t‑elle la possibilité d’acheter le produit complet et/ou en kit ?
  • Puis‑je personnaliser l’objet facilement ?

Voir aussi les recommandations de l’association Open Source Hardware

Choisir une Licence Libre

Pour avoir une connaissance très approfondie des licences vous pouvez aller chercher des informations ici :

Si vous ne voulez pas vous prendre la tête, je recommande les licences suivantes pour obtenir du vrai libre. Je suis pour avoir une licence différente selon la partie (ou métier) du produit pour avoir une protection juridique bien pensé et optimisé selon la nature du projet. Il s’agit là de valeurs sûres, reconnues et largement utilisées.

  • CERN Open Hardware Licence strongly reciprocal pour les parties Électronique, Mécanique et Système.
  • GNU GPL v3 pour la partie Logiciel
  • Creative Commons By-SA pour la partie manuel d’utilisation et de fabrication, ainsi que les supports de promotion.

Il faut toutefois avoir un point de vigilance sur l’imbrication de bibliothèque logiciel sous une licence différente et les composants qui intègre du code propriétaire (firmware). Dans ce cas il pourrait être nécessaire de rester sur des licences faiblement réciproques.

  • CERN Open Hardware Licence weakly reciprocal pour les parties Électronique, Mécanique et Système.
  • GNU Leaser GPL v3 pour la partie Logiciel

Dans tous les cas, il faut bannir les licences permissives tel que par exemple la licence MIT. Car cela pervertirait le projet et risque une récupération par les entreprises qui replacerai votre projet sous licence propriétaire. Les licences permissives sont très proches du domaine public. Et donc, elles ne garantissent pas une équitabilité des échanges, mais plutôt une exploitation sans limite du travail. L’échange risque d’être unidirectionnel. Tu donnes. Mais l’autre ne redonneras pas ce qu’il a modifié ou amélioré. Ce qui est contraire à une démarche communautaire libriste.

Rappelons que placer votre projet sous licence libre n’est pas incompatible avec la possibilité de vendre les produits fabriqués. Il est vrai que les logiciels libres sont très souvent gratuits pour les utilisateurs. Et qu’on a peine à imaginer un modèle économique où l’utilisation est gratuite. Mais pour le matériel libre alors les choses redeviennent plus « naturelles » dans le sens ou la gratuité devient impossible et que le modèle économique redevient traditionnel. Conception, fabrication, vente. Pour parler basiquement et sans rentrer dans le détail ici.

Si vous compter fabriquer le produit pour le vendre. Il peut aussi être pertinent de déposer une marque pour protéger l’identité de votre structure. En France, il faut s’adresser à l’INPI pour le faire. C’est par exemple ce que fait Arduino. Cette démarche permet donner aux utilisateurs un repère clair sur qui à fabriquer le produit et ne pas se retrouver avec de mauvaise copie chinoise. L’association ou l’entreprise ne peut que s’engager sur la qualité de ce qu’elle produit elle‑même. Il faut mieux utiliser la version originale, le reste est hasardeux.


Au Travail : Cadrer les Paradigmes du Projet

Il s’agit là d’un vaste sujet qui a été fort bien décrit dans le livre « Logiciels et Objets Libres » dont je vous recommande la lecture. Je ferai ici un résumé sur ce qui me semble le plus essentiel.

Organiser l’Équipe Projet

Il ne faut pas s’attendre à ce que tout le monde ait le même niveau d’implication. Il est donc assez naturel que l’organisation du projet s’articule autour d’un porteur du projet, parfois 2 ou 3 personnes (rarement plus). Ils sont les fondateurs du projet. C’est eux qui sont les garants des valeurs du projet, de la vision, des orientations principales et du mode de gouvernance.

Puis un noyau dur de personnes très motivés, passionnés par le projet et parfois rémunéré pour le faire. Ce noyau aide à énormément de choses. Ils construisent concrètement le projet dans tous les aspects. C’est cette couche qui fera prendre une densité suffisante au projet pour attirer un publique significatif.

Enfin, ce publique, en quelque sorte une troisième couche de personnes gravitant autour du projet, aura un niveau d’implication divers et variés. Il y aura des gens qui donnent un coup de main de temps en temps. Ils seront d’une aide précieuse dans les événements importants. Et des gens qui sont de simples utilisateurs, mais ils sont la raison d’être final du projet. C’est pour eux qu’a été imaginer l’objet qui répond à une problématique particulière.

Le projet doit donc s’articuler en fonction de ces types de personne. Au début, le ou les porteurs de projet initient tous les paradigmes du projet. Ils sont portés par une passion, une envie qui les dépassent eux‑mêmes. Il leur faudra une solide motivation pour sortir une première version du produit qui soit suffisamment « belle » pour motiver la venue de la seconde couche de contributeurs. Et encore plus de motivation pour que ces primo‑contributeurs se transforment en noyau dur. Les porteurs du projet doivent donc imaginer dès le départ un environnement qui permettra de les accueillir au mieux. De nos jours, on appelle cela un habitat numérique.

Créer un Habitat Numérique pour Échanger sur le Projet

Qu’est ce qu’on entends par habitat numérique ? C’est l’ensemble des outils informatiques dont vous aurez besoin pour : gérer le projet ; partager les sources ; communiquer sur le projet.

Gérer le projet, ça veut dire : définir ensemble les objectifs ; définir une feuille de route général (objectifs à long terme) ; fixer les priorités ; faire une liste de tâche à court terme ; définir le rôle de chacun en bonne intelligence et en commun accord ; Faire ; réadapter les tâches en fonction des résultats et des événement ; entretenir cette mécanique pour maintenir cette dynamique jusqu’au terme du projet. Conseil : Cela demandera beaucoup de rigueur et de bienveillance. Trouver des occasions de faire la fête pour maintenir une cohésion de groupe.

Partager les sources, ça veut dire : définir un espace de partage ; il faut faire en sorte de maîtriser les évolutions et définir des règles communes pour faciliter les contributions et leur intégration de façon ordonnée ; définir un espace pour la gestion et l’analyse des beugs, défauts, évolutions de fonctionnalité ou réclamations des utilisateurs ; définir comment faire un lot de livraison (remise de master, release ou indice majeur et stable, etc, selon les vocabulaires de chacun). Conseil : Vous devez vous préparer psychologiquement à partager vos sources et lâcher prise sur une maîtrise totale.

Communiquer sur le projet, ça veut dire : définir votre identité ; fixer les valeurs de votre projet pour quelles soient lisibles clairement par chacun ; définir un nom, un logo, une identité visuelle ; Définir des éléments de communication pour pouvoir raconter clairement et systématiquement votre histoire, le but poursuivie par le projet et les avantages de votre solution ; faire une vitrine du projet (un site web par exemple) ; aller chercher les gens là où ils se trouvent (réseaux sociaux, forums communautaires, tier‑lieux physiques, salons ou conventions spécialisés ou autres expositions). Conseil : Aller du plus simple au plus compliqué. Cibler très précisément votre publique. Vouloir viser le monde entier serait une erreur.

On doit pour tout cela définir des outils particuliers. Voir les chapitres suivants.

Choisir les Outils Libres que vous aurez en Commun

Votre projet ne sera jamais véritablement libre si vous utiliser des logiciels propriétaires ou permissifs. Que ce soit pour concevoir, pour organiser le travail ou pour communiquer sur le projet.

Il existe une grande quantité de logiciel libre qui sont valables. Il existe une multitude de site web qui en parle. L’un des sites web des plus complet pour cela est FramaSoft.

Si vous avez la paresse de cherche, rendez‑vous au chapitre 5, Construire sa Boîte à Outils. Ce chapitre propose une liste d’outil fiable qui conviendront à la majorité des projets.

Comment bien Travailler Ensemble ?

{ Le management en mode développement libre, qu’est ce que ça change. }

Communiquer le Projet vers l’Extérieur

{ La vitrine numérique, à quoi penser pour bien faire. }

Rester Motivé


Un Objet Physique : Retour au (dur) Monde Réel

Ce qui distingue les logiciels libres des objets libres, c’est précisément que ces derniers sont physiques. Et cela à des conséquences importantes sur l’organisation du projet, sur l’adoption par le publique et même sur la législation. Aussi, serait‑il quelque peu hatif de croire que toutes les recettes du logiciel libre s’appliquent tel quelles aux objets libres. Voici quelques éléments factuels qui doivent nourrir votre réflexion. Je me dois également par honnetté de dire que les objets libres sont face à un défit pour l’adaption par le grand publique et que nombreux sont les gens qui s’y sont cassés les dents. Aussi, je n’ai pas de méthode miracle. Seulement, des points de vigilence à énnoncer.

Achat et Financement

{ Comment faire. }

{ Crowdfounding }

Organiser une Production

{ Faire une entreprise ou mode associatif }

Un Modèle Économique pour le Open Hardware

{ Le fait de vendre un produit nous ramène immanquablement à un modèle économique plus naturel et comprèhensible que celui du logiciel libre. }

Législation & Responsabilité

{ Dans l’Union Européenne, la législation impose que tout objet électronique doit au minimum être conforme à la directive RED. Ce qui impose à toute personne physique ou morale de certifier que le produit qu’il met en vente respecte les normes de sécurité électrique et les normes CEM (Compatibilité ÉlectroMagnétique). Cette directive laisse la possibilité de s’auto‑certifier. … }

{ D’autre part, les sections présente dans les licences libres concernant les garantits sont très éloignier de ce qui se pratique dans le commerce traditionnel. Et ces sections peuvent légitimement paraitre insuffisante du point de vu de l’utilisateur… }